Frei trompe son spleen allemand en enfilant le maillot suisse
FOOTBALL | A la veille de Suisse - Finlande (ce soir à 20h30), le buteur évoque ses problèmes avec Dortmund, son rôle avec Hitzfeld et sa carrière.
AP | Contre la Grèce, Alex Frei a marqué son 37e but en 63 sélections. Mais depuis un mois, il chauffe le banc à Dortmund et supporte mal cette situation.
DANIEL VISENTINI, SAINT-GALL | 19.11.2008 | 00:02
Un menton solidement lancé vers l’avant, des petits yeux perçants qui hésitent toujours entre malice et sérieux, un front volontaire et un inévitable sourire en coin, mi-désabusé, mi-taquin. On a beau le connaître par cœur, Alex Frei c’est d’abord une «gueule», comme on dit. A Abtwil, dans la banlieue de St-Gall, le buteur n’a pas besoin de rouler les mécaniques pour en imposer.
Connu et reconnu, il serpente entre les tables du hall de l’hôtel. Une photo par ci, un autographe par là. Un clin d’œil pour s’excuser et il s’installe. C’est l’heure du rendez-vous. Match amical ou pas contre la Finlande, Frei a toujours des choses à dire. Peut-être plus encore aujourd’hui, au moment où il s’ouvre de la frustration qu’il vit à Dortmund. Pas pour geindre, simplement par franchise.
– Alex Frei, on comprend que votre situation au Borussia Dortmund ne vous convient pas…
– Non, on ne peut pas dire. Je n’ai été que deux fois titulaire sur les sept derniers matches: je ne me satisfais pas de cela. Mais je ne serais pas un vrai footballeur professionnel si cela me convenait.
– Vous avez souvent été blessé en 2008 notamment: est-ce la raison de votre nouveau statut de joker?
– Cela n’aide pas, évidemment. Mais quand j’ai été aligné, on n’a jamais dû attendre dix matches pour que je retrouve le chemin des filets. J’ai tout de même marqué 28 buts en 53 matches avec Dortmund. Si l’on soustrait les périodes de blessures, cela fait 28 buts en 14 mois. C’est tout de même quelque chose, non? D’un autre côté, en deux ans et demi à Dortmund, j’ai dû subir trois opérations pour des blessures. Ce n’est pas normal. Qu’on se comprenne: je ne dis pas que c’est la faute de la préparation ou de qui que ce soit. Mais simplement, c’est trop. Alors oui, je m’interroge. Et je travaille pour convaincre.
– Pour convaincre le nouvel entraîneur, Jürgen Klopp?
– Il est là depuis juillet et j’étais blessé, suite à l’Euro. Ce n’était donc pas simple dès le début non plus…
– On a l’impression qu’il ne vous fait pas confiance…?
– Disons que si j’avais toute sa confiance, je ne serais pas ici à St-Gall avec la Suisse pour un match amical, même si cela est important, mais avec mon club pour préparer le match Karlsruhe - Dortmund de vendredi soir…
– Songez-vous à quitter Dortmund?
– (Long silence) Bon, je ne suis pas du genre à louvoyer. Je dis les choses franchement. A Rennes, quand j’ai voulu partir, je l’ai annoncé ouvertement aux dirigeants car ma décision était prise. Cela se passera donc de la même manière avec Dortmund. Mais ce moment n’est pas encore arrivé.
– Etes-vous déjà en contact avec un club?
– No comment! Je précise en passant que cela m’est interdit et que, le cas échéant, c’est mon avocat qui se chargerait de m’en parler, ainsi qu’à mon club.
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«Je ne compare pas Köbi Kuhn et Ottmar Hitzfeld»
– Vous étiez le dernier capitaine de Kuhn, vous êtes le premier d’Hitzfeld: un rôle de leader que vous affectionnez?
– Un rôle que j’assume. Mais ce n’est pas moi qui me propulse sous les projecteurs. C’est plus une trajectoire et les performances. Après, cela suppose de la pression. Mais j’y suis habitué. Si j’en étais à 100 matches et deux buts, je n’aurais pas cette pression. Mais je ne vois pas mon rôle plus important qu’il n’est. Etre capitaine, c’est sentir les choses dans un groupe. C’est solliciter une discussion interne quand cela est nécessaire. Comme après la défaite contre le Luxembourg. Le patron, ce n’est pas moi.
– Justement comment s’est passée la transition entre Kuhn et Hitzfeld, pour vous?
– Très bien. Je ne veux pas faire de comparaison entre les deux. Pour le reste, il y a eu une période où nous avons dû nous adapter à notre nouveau sélectionneur. C’est normal. Après sept ans passés avec Köbi Kuhn, des habitudes, une certaine routine s’étaient installées. J’ai côtoyé Kuhn durant dix ans. J’avais donc un rapport privilégié avec lui. Ottmar Hitzfeld, je ne le connais que depuis quatre mois, en fait. Mais tout va bien. Nous nous parlons ou nous nous téléphonons souvent. Je sens l’importance qu’il accorde au rôle de capitaine.
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